Extraits


Hendrix se risqua.
 
J’en suis certaine.
 
Car Hendrix fit ceci: il s’empara de l’hymne, et il y introduisit son refus violent d’un monde violent, un refus d’une violence folle, d’une violence cent fois plus violente que toutes les violences qui, çà et là, explosaient.
Comme une part revendiquée de lui-même,
comme une force de combat,
une force de vie,
démesurée.
Une Furie en lui se dressa contre l’afféterie,
contre le mensonge,
contre la guerre qui est la plus laide des laideurs,
contre les crimes organisés,
contre les passions enragées de la mort chez ceux qui ne risquaient nullement de mourir.
À coups de décharges électriques, il ébranla l’espace, et les esprits.
Il eut la violence terrible, implacable, des doux.
Et le calme.
Hendrix usa de sa violence comme on use d’une arme pour imposer la paix.
Puis, cette violence, il la convertit en beauté.
Une beauté extrême, paroxystique. Une beauté chargée d’horreur, insoutenable. Une beauté monstrueuse. 




 Hendrix fit exister comme aucun autre un corps sensuel, 
un corps dont la musique était le foutre et l’arbre nerveux, autrement dit l’âme,
un corps que la musique parcourait de part en part tel un sang vif et palpitant, ça se voyait,
un corps que la guitare faisait littéralement bander,
un corps qui jouissait, ce fut là, sans aucun doute, le choc,
un corps qui prenait le droit exorbitant de jouir, comme on ne le pensait pas concevable.





Hendrix était décidément trop insolite ! trop excessif ! trop excentrique ! trop véhément ! trop fulminant ! trop nègre ! trop indien ! trop tout !
Irrecevable.
Les déviations, chez Hendrix, il n'y avait que ça.